Vers courts pour longs temps (24)

Noire bête sort cupidement la patte griffue
De la béante caverne
Ne résiste à l’attrait merveilleux
De l’immonde parfum.

Hume le vent contraire,
Ouvre la monstrueuse gueule pleinement,
Salive à l’alléchante humeur
Sur deux pieds cherche la source somptueuse.

Exquis hurlements flattent les oreilles expertes,
Mélodie grisante de la farouche chasse
Excite suavement l’appel du sang frais
Bouillonne dans les veines gonflées.

Écrase aisément la faible volonté
Submergée par la haine incontrôlable,
Expulse l’humanité hors de la frontière vaincue
Meurt l’âme sacrée dans le corps du profane.

*****

Médite minutieusement dans le frêne sacré
Sous la pluie s’endurcit la persévérance de l’apprenti
A l’abri du feuillage touffu
Acquiesce secrètement l’œil du maître.
Bruine du ciel, brume de la terre se mêlent,
Branche épaisse, menue brindille crépitent
Gouttes s’effeuillent en cœur
Feuilles gouttent en chœur.

Du nuage choient les perles gelées
Écrins caducs des signes enseignés
Mouillent le visage de leur liqueur glacée,
De l’arbre chutent les lodts enchevêtrées
Bâtons drus de l’Art mystique
Écorchent les mains de leurs perçantes échardes.

Se rencontrent les puissances révélatrices
A la croisée des matières célestes, terrestres.
S’abreuve l’élève dans la résiduelle rosée,
S’endurcit le corps, s’ouvre l’esprit.
Tranche le lien l’enseignant satisfait,
Ne s’est pas brisée l’occulte lignée.

*****

Jamais à la guerre
Ne pars en hiver
Valeureux dragon des mers
En esquif brisée revient amer.

De la rive menaçante
Ne voit la terrible lame
De la langue de glace
S’arme le village convoité.

Les guerriers ennemis
Rient du craquement de la noix
Au chaud près de l’âtre
Repose l’épée immaculée.

Dame Lune joue
A cache-cache dans la brume
Voile et dévoile les écueils
S’amuse des déboires humains.

Tue sans pitié l’intrépide infécond
Loin de la charmante demeure
Honore d’un rayon charmeur
La couche de l’homme prudent.

7 réflexions au sujet de « Vers courts pour longs temps (24) »

  1. « Jamais à la guerre
    Ne pars en hiver »

    C’est vrai qu’autrefois ce n’était pas une bonne idée. Maintenant, on peut atomiser le pays voisin en restant au chaud dans son bunker, avec un chat sur les genoux et en ricanant maléfiquement !

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