Au Fils de Hel

Des larmes de sang
Ruissellent sur ta lyre ivoire.
Les os des morts vibrent
Sous le frémissement des cordes tendue
De leurs cheveux offerts.
Les ancêtres te vénèrent craintivement,
Fils de Hel, le non-né,
Ta musique grave est leur singulière audace,
Ils reconnaissent la magie de ses airs
Qui guérit ou punit leurs élans sauvages.

Que connais-tu de l’astre lumineux,
Cette lointaine lueur blafarde
Qui transperce la racine sacrée ?
Tu aspires à le prendre en tes graciles mains
Comme ces gemmes pures que tu admires tant.

Oh ! Ami, ne sanglote pas,
La solitude des grottes retirées assagit
Les pulsions vagabondes.
Le monde souterrain sied volontiers
Aux âmes mélancoliques.

Jalouse Mère te garde précieusement,
Jamais le soleil n’effleure ton délicat visage.
L’unique phare de ta pénombre
Gît dans la caverne aux mille merveilles,
Oh Balder, précieux compagnon !

Tu domptes les grandes frayeurs
Qui peuplent son fiévreux repos.
Dévoué Frère, tu veilles orgueilleusement
A éloigner les fantômes de son passé méconnu,
A son chevet, nuit après nuit.

La lune pleine chaperonne tes brèves fugues
Où tu t’échappes furtivement de ton divin caveau.
Tu contraries de ta pâle chevelure,
De ta blanche peau, les sages rêves
Des raisonnables demoiselles.

Quelle hâte de chevaucher librement
A travers les landes marécageuses,
Ravir un instant un blême rayon,
Se délecter du chant lugubre
Des nocturnes rapaces.

Qui peut connaître ton impérieuse amertume,
Toi qui désires sans jamais posséder ?
Sous les pieds des dérisoires vivants,
Tu rêves d’enchaîner la délicate fleur
Celle qui ne fleurit que dans ta pénombre absolue.

 

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