La bénédiction consiste à attirer la bienveillance d’un dieu ou d’une déesse sur une personne, un objet ou un lieu. En soi, c’est un acte simple qui à priori ne me pose en général aucun problème dans sa réalisation : il suffit d’avoir une idée précise de toutes les forces mises en présence, de les relier les unes aux autres par les mécanismes adéquats afin d’établir un lien stable et équilibré.
Si en théorie, tout cela parait simple, il arrive quelquefois qu’en pratique des facteurs extérieurs viennent remettre en question et compliquer le mécanisme de cet acte.
Pour en venir à plus de concret et pour vous éclairer sur ce qui doit vous paraitre bien abstrait, je vais vous raconter ma dernière intervention.
Il y a quelques semaines, je suis intervenue sur le terrain chez un agriculteur : les semences d’un de ses champs refusaient de pousser sur une grande partie de celui-ci. On me demandait de bénir ce champ afin de donner un coup de pouce (sans jeu de mot!) Sur place, je constatais évidement qu’une partie n’avait pas poussé du tout. Ordinairement, pour ce genre de cas, on place le terrain sous la bénédiction de Frigg, ce qui semble le plus logique.
Seulement là, le cas était un peu plus complexe : je me suis mise en position afin de ressentir cette terre qui a du mal à laisser naitre ses fruits et je ne ressentais plus de vie dans les trente premiers centimètres ! Pas le moindre ver de terre, champignon ou autre forme de vie. La terre était sèche, grisâtre et dure. L’agriculteur m’a expliqué qu’entre récoltes et semailles, le sol est passé au Round Up (même si les cultures ne lèvent pas, il faut désherber avant tout réensemencement), que c’est la procédure habituelle. J’avoue qu’à ce moment-là, j’étais vraiment désemparée ! Je comprends pourquoi l’engrais devient nécessaire à la croissance puisque la terre est complètement stérile, tout nutriment est éradiqué dans la foulée.
Je sentais que Frigg ne devait pas intervenir sur ce qui me semblait contre nature pour elle, à l’opposé de ses valeurs. Et il me fallait quelqu’un de plus costaud qui possédait la force brute apte à faire pousser ces grains, à les arracher aux forceps s’il le fallait. J’ai donc fait appel à Thor (habituellement il n’intervient qu’une fois les plantes déjà sortie de terre), mais aussi à Frey pour donner la vigueur nécessaire aux grains et aux futurs plants. Il me fallait une énergie vraiment masculine, batailleuse, combattante pour contrebalancer les effets dévastateurs du désherbant. L’établissement des liens s’est fait dans la douleur. Un dieu a besoin du vivant pour se lier et établir les connexions nécessaires, hors là il a fallu lutter afin de trouver l’énergie de vie.
À ce moment, j’ai compris pourquoi les dieux locaux, les élémentaires ou le petit peuple ont déserté. Comment s’ancrer et vivre dans un monde où l’on tue le vivant, où l’on enlève toute nourriture énergétique aux entités ? Les produits synthétiques agissent non seulement sur le monde matériel mais par ricochets sur l’immatériel ! Privé de force, les esprits ne peuvent plus agir sur la nature, l’Homme se détourne alors d’eux et renforcent sa croyance dans la science. La terre devient en alternance stérile et féconde sous contrôle des produits synthétiques.
Je n’étais pas convaincue ni satisfaite du résultat de mon travail, et pourtant contre toute attente, quelques jours plus tard l’agriculteur a confirmé que le sorgo sortait bien de terre. J’ai fait une prière de remerciement à Thor et à Freyr par la suite, car ce n’était à mes yeux pas une bénédiction anodine puisque la vie était sortie d’une terre morte !

Champ de Beauce
Cette expérience a malgré tout été formatrice et enrichissante. Mais c’est vrai que cela fait peur… Peur de voir qu’il est devenu « normal » d’empoisonner la terre pour la rendre féconde ! Un raisonnement qui marche un peu sur la tête !
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