De mes griffes acérées
Avec fureur il fut gravé
Sur le pilier du monde
Le nom vrai de mon âme.
Tombèrent les lourdes gouttes
Par trois fois salées :
Une de mon front perlée
Peine de l’ardeur donnée,
Une de mon cœur blessé
Par mon œil échappée,
Une autre enfin
Par mes doigts meurtris,
Celle-là même qui lui donna la vie.
Poèmes
Vers courts pour longs Temps (36)
Vers courts pour longs Temps (35)
Trois Nornes sur une âme
Jetèrent leur dévolu
A l’aube d’une naissance
A la source d’une vie…
Leurs chauds baisers accompagnèrent
La cruelle peine
De la séparation soudaine.
Destin s’accomplit
Du ciel à la terre
Du sommeil au réveil.
Veillèrent les belles fées
Sur l’enfant nouveau:
Sans répit luttèrent
A l’accomplissement écrit,
Frappèrent l’ennemi du rayon
Nul ne déviera de sa course
Le lumineux descendant des Dieux.
Ivresses poétiques (4)
Illusion d’optique
Le soleil vient à sa fin
Sous les pieds trépasse,
La pénombre des défunts
A la sienne prend place.
Au ciel pourtant luit son éclat…
Rendez vous hivernal
Craque la morte branche
Sous le poids du vent
Se déploie la robe blanche
Dans le silence désemparant.
Dorment les âmes en attente
Jusqu’au retour du roi glorieux
Perlent les breloques scintillantes
Dans le noir mystérieux.
Ivresses poétiques (3)
Pluie de saison
Le glas annonce
L’arrivée des ombres
Un coup de semonce
Dans l’air sombre.
L’automne bruine ses feuilles mortes.
Vers courts pour longs temps (34)
Quelle merveille la bouteille:
Un peu de bonheur en liqueur !
Vite on la vide jusqu’à en devenir livide
Et l’on pleure le trop plein de malheur
Puis on la remplit d’un mot sous pli
D’un brin de misère que l’on jette à la mer…
Ivresses poétiques (2)
Morale d’un autre temps
Une Norne au-dessus d’un berceau
Agitait un fil d’argent,
L’enfant le saisit vivement !
Il ne faut jamais attendre le lendemain
Pour prendre en main son destin !
Vers courts pour longs temps (33)
Au puits des artifices s’évanouit mon image
Aucun souvenir de ma trace ne surnage
Le temps me sème dans son labyrinthe.
Jusqu’à la fosse mes larmes serpentent:
Désormais personne ne se penche
Sur mon miroir aux âmes blanches.
Vers courts pour longs temps (32)
Il n’est de pires instants
Que ceux où l’on tombe,
Où l’on sent l’impitoyable lame
Transpercer la fragile cuirasse.
Sur le champ de bataille
La terre s’ouvre en un puits profond.